(PlayBioListoAutoGraphiectionnelle1)
Partir d’un principe erroné, soit l’émotion. L’émotion ? Comme être en musiques et en rythmes à chaque mot. A travers et avec les mots. Être ému-e ? Se sentir en chant en sons et finir par ne croire qu’en ce qui est joué, soufflé, murmuré, chantonné, tambouriné, cliqueté - finalement jamais expliqué. La musique ne s’explique pas, même si elle se compose, se décompose, se construit, se retire. Tout est musique et tout est silence.
Ce serait par les sens qu’on saurait mieux ce qu’on peut être, ce qu’on rêve d’être. Chanter et être chanté, comme la plus solide des vérités. La voix est l’organe, le mot est un traître, aussi docile et doué soit il.
Donc.
Toujours, les musiques ont fondé mes identités, de feutre à plomb. Alors une playlist, un best of, quelle horreur et quel bonheur en même temps. Pour faire juste, il aurait fallu enregistrer les voix, les murmures, les intonations, les orgasmes, toutes les musiques qui pénètrent le corps… Comment faire le tour de millions de sons et sens engrangés, avalés, digérés, régalés.
OK.
Etablir un plan, un champ d’action à travers toutes les émotions. Décidément décrypter la surface de la mémoire des noms, mentir un peu pour la chronologie, l’ordre de préférence et se lancer dans les vagues.
Attention, écholalie, name-dropping et autres (…) fulgurants.
Etape 1 : (se) Souvenir(s). Du plus petit au plus grand.
Je suis née l’année de la légalisation de l’avortement en France. J’ai reçu moult vers d’oreilles de mes parents - heureusement et trop communément vite divorcés - et de mes grands-parents, tenanciers de bars et souteneurs de piliers des mêmes bars.
A travers quelques clichés post-hippies bien aimés, je me rappelle des sillons qui griffaient mes oreilles au milieu de mes grasses matinées d’enfance. Une Frida de joie ou une Pia de soie et puis, ne pas cesser d’écouter de tout, des ondes des Andes aux méandres de la province française - avoir des parents babyboomers, tu sais c’est pas si facile - en ne niant jamais les entourages (radio)nostalgiques d’un Grand Méconnu à un Grand Blond, d’un Grand Jacques à un Grand Georges, d’une Grande Brune à un Grand Barbu.
J’ai grandi vite, tout en retenant que des maîtres déjà proclamés sont des portes ouvrant les perceptions… de Ravi & Yehudi à Nusrat. Le podium des icones n’est pas assez large pour mes étagères. Je suis rapidement devenue collectionneuse, archiviste et nostalgique, y compris de périodes musicales que je n’ai pas traversé.
Etape 2 : Se remémorer la claque des scènes vivantes, vivaces et des sueurs évanescentes des foules en concert(s).
Mon premier concert mémorable (sans vraiment compter Yves Duteil à l’âge de 11 ans) fut Depeche Mode au Zénith de Paris à l’âge de 12, 13 ou 14 ans, mes seins déjà bien pubères serrés près du cœur néo-gothique ultra-Romantique sous un imperméable volé chez Carrefour (noir et long pour faire sombre). De l’adolescence à la suite, mon corps garde cette matière tatouée de ces frappes telluriques… J’ai plongé sans retenue dans les mondes d’un Massive Attack (concerts dont on sort prêt à partir de tous les chez soi dans une nuit froide au seul son triste d’une Bristol désolée), d’une Björk (cherchez moi dans cette foule de ce soir là) (concerts dont on ressort constellée), d’un Radiohead (concerts dont on sort transi comme un œuf empaillé prêt à exploser), d’un The Cure (concert dont on sort en se disant que la beauté n’est que dans la nuit), d’un RATM (concert dont on sort avec une double entorse), d’un Arrested Development (concert dont on sort fier d’être un descendant indirect de Haïlé Selassié), d’un Psychic TV (concert dont on sort muté), d’un Cypress Hill (concert dont on sort trop en-fumée), d’une PJ Harvey (concert dont on sort amoureux fougueux voluptueux), d’un BLUR (concert dont on sort pétasse pour avoir eu la chance de faire une bise fugace et ridicule sur une joue finalement bien creuse de l’incommensurable Damon en backstage). Des groupes C. U. L.T.E déjà bien reconnus mais valides dans le parcours des thèmes et leurs variations.
Bon, j’ai aussi été voir Madonna. (aperce)Voir la blonde à tétons entonnoirs avant la chute des gants de toilette m’a impressionné). Pour me racheter une réputation, je dois ajouter que c’était une semaine après avoir (entre)vu Nina Simone, laquelle s’est enragée après l’ingé son et a quitté la scène après 17 min de « concert ».
Etape 3 : Connecter.
Appréhender ses origines géographiques banlieusardes (même si j’ai grandi dans une zone pavillonnaire). Convier en son sein les fumettes, les poings en coups, les contrôleurs de la RATP (Rentre Avec Tes Pieds), les murs, les soirées Zoulous dans le 17ème à Paris. Issue d’un 9Cube2 et d’une Seine&Marne aux vibes fondamentales, je grandis avec La Haine, même si c’est la haine de tout (et un tout de trop). De NTM à Assassin (j’ai jamais aimé IAM), accompagnés de l’Armée des 12, Little MC, Ministère A.M.E.R, Sages Poètes de la Rue pour ma côte Ouest en tirant mes oreilles jusqu’à une côte Est prégnante avec De La Soul, Dälek, Boo-Yaa T.R.I.B.E et autres gentils méchants de nature3 jusqu’à leurs descendants actuels : Busdriver, Petite Noir, MF Doom, Timbaland, …
J’éviterais ici les éternelles répétitions des playlists idéales des soirées FUNK, SOUL, R n’B que j’ai passé à user des délices de mouvements fessiers et d’entrecuisses peu civilisés. Juste avouer et assumer ici que j’ai beaucoup zouké (surtout le zouk love), guinché soukouss, bouldé makossa et autres chaleurs nègres pour nuits blanches.
Etape 4 : Qui sont ces passeurs qui sont sifflé ces airs au dessus de ma tête ?
Remercier les années 87-95 de Radio Nova à Paris pour Guillermo, Bonga, Yma, Anne, Joy, Sun Ra. Reconnaître les portraits vaporeux des copains de clans, de flâneries dans Paris et sa banlieue, et me revoir habillée en noir, en blanc, en simili-sorcière, en pro-racaille.
Ne pas ignorer les premières Rave Parties d’où la Jungle, la Drum n’ Bass, la Deep House, la Minimal Techno jaillirent comme des rocailles d’une tectonique des plaques déliquescente… Roches protéiformes sur lesquelles j’ai griffé quelques cordes vocales, quelques nerfs et quelques costumes néo-urbains (parfois fluos selon des rumeurs de témoins malintentionnés étrangement disparus).
Revisiter souvent les années 95-2000 à Londres avec cet ‘amoureux’ escroc mytho « mais » ami intime des Négresses Vertes de Mano Solo des Garçons Bouchers de Sapho de FFF et lui céder l’avantage de m’avoir introduit (à) Led Zep’, à Nwar Dez’ (la transe même en France), à the Clash, à Fela, à Patti Smith et à Jane’s ad’, de m’avoir fait vivre une des soirées les plus surréalistes au bras de Desmond Dekker ou sur le siège moto de Steven Tyler.