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Corentin Jacobs - (W².34)/GHT=?
Personne ne m’a jamais consacré de temps libre à vouloir me comprendre. Ni mes parents, ni mes sœurs, ni mes instituteurs. Ils m’ont mis de côté, comme un objet vieux et fissuré, cadeau de Noël d’un oncle fiévreux que l’on range avec précipitation dans la poussière du grenier ou dans l’humidité de la cave et ils m’ont répété : tu es anormal, tu es anormal, tu es anormal. C’était vrai. Je menais des conversations sérieuses avec des vaches broutant l’herbe des prairies bossues, je créais des bonshommes de neige atteints de rhumes féroces et je ne répondais pendant les dîners...
Corentin Jacobs - Les confessions d'un hooligan
"Mon petit-fils m’a proposé de regarder le match des Diables Rouges ce soir. Ce vaurien m’a provoqué. Il sait que je déteste ce sport : c’est une discipline de petites frappes, corrompues jusqu’à la moelle par un dictateur nain, né en Suisse, qui organise même des compétitions dans des déserts arabes, en plein été. Contre de l’argent bien entendu, de faramineux pots de vin empaquetés dans du joli papier cadeau. Pas pour la beauté du sport. Le sport, le petit Suisse, il n’en connaît plus l’essence. Mon dégoût pour le football ne m’a pourtant pas empêché de devenir hooligan. Je l’ai...
Véronique Janzyk : Le lit
Nous sommes montés sur la bordure. Sur la bordure nous nous sommes hissés sur la pointe des pieds. Sur la pointe des pieds nous nous sommes embrassés. Devant nous défilaient des chars. Ce n’était pas un carnaval. Des hommes parés de courtes jupes et voilés se déhanchaient. Un seul d’entre eux suffisait à réduire à néant l’idée même du carnaval. Les bras en croix, il exposait un ventre dodu et un torse plutôt velu. Cet homme-là bougeait à peine. Il promenait sa timidité. « Ça doit être son premier défilé », tu as dit. Face à la foule, l’homme assumait tout,...