Anna, ici et là, le premier roman de Luc Dupont

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Anna, ici et là, le premier roman de Luc Dupont

Anna, ici et là  a émergé à travers la sélection du Prix Fintro - Ecritures Noires, dont le jury 2017 était présidé par Paul Colize.

Le jury y a vu, semble-t-il, un livre remarquable mais à la lisière des « codes traditionnels » du roman policier. Il est vrai que l’intrigue ne s’ouvre pas sur une mort violente qui est destinée à être ensuite résolue. On y retrouve pourtant bien des meurtres et un policier, ou plutôt une jeune policière, Anna, aux commandes de l’enquête.

Le jury a donc souhaité créer et attribuer à Luc Dupont une « mention spéciale du jury ». Il m’a ensuite contacté pour me proposer une publication. Très rapidement, il m’est apparu qu’il s’agit effectivement d’un livre exceptionnel. Tout en se déroulant dans une Italie profonde de terres et de vignes, Anna, ici et là développe une atmosphère crépusculaire, qui est proche de celle des romans policiers scandinaves. A côté des mots, l’importance du non-dit ou du presque-dit y est capitale, et c’est dans cet espace étroit que se révèle dans un final inattendu la vraie nature de l’Homme, à la frontière fragile qui sépare autant les apparences de la réalité que le bien du mal.

Le livre est par ailleurs admirablement écrit, au point que de nombreuses personnes crurent voir d’abord le nom de « Luc Dupont » comme un pseudonyme derrière lequel se dissimulait un auteur accompli. Il n’en est pourtant rien, Luc Dupont existe, il habite à Liège, dans une petite rue en bord de Meuse. C’est là qu’il a écrit Anna, ici et là et que je l'ai rencontré pour la première fois en octobre 2017.

Il est rare dans une vie d’éditeur – a fortiori courte comme la mienne – d’avoir la sensation de « révéler » aux lecteurs un auteur à travers son premier roman, dont l’ouverture déjà dévoile et dissimule autant le roman que l’écrivain lui-même.

"Les collines avaient toujours été là. Aussi loin en tout cas qu’il y avait les livres, et des hommes pour raconter les histoires. Certes elles avaient pris d’autres teintes : vert tendre pour les vignes, l’argent mat des oliviers, bandes de terre nues ou jaunies au gré des saisons. Des bâtiments étaient apparus, à mi-pente, puis plus haut vers les forêts. Certains avaient bourgeonné. Des villages s’étaient posés dans les creux. On aurait dit qu’une place leur était, depuis toujours, réservée dans le paysage. La ville était née entre-temps. Quand ? Nul ne le savait au juste. Elle avait aussi ses collines, opulentes, et ne s’était guère étendue au-delà. Elle restait derrière l’horizon. Au plus percevait-on, certaines nuits, une rumeur portée par le vent, ou le halo qui ne disparaissait jamais."

J’espère que, comme moi, vous aurez grand plaisir à rencontrer « Anna ».

Pierre de Muelenaere - ONLIT Editions

Photo de l'auteur par Alain Trellu