Pierre Van Hulle : Muse(s)
Un rameau crépusculaire
Tire de ses griffes cuivrées
Quelques nocturnes
Chauves et sans lune.
Le soleil se couche dans du coton,
Un ciel de carbone diaphane.
Une symphonie d’ambre
Gît au pied
Des orangers
Et pourtant
Mes
Mains
Ne Manient
Que
Mollement
Des airs de flûte…
Les brumes au clair
Enfoncent mon ombre
Dans sa silhouette
Et les ailes des lanternes
Etincellent
Tel
Des insectes
Autour de ma vision
D’un point fixe.
Bientôt
De feuilles d’or,
Est recouvert,
Ce point
De Beauté.
Et ton visage s’esquisse
Sur celui des passantes.
Ainsi
Passe la nuit,
Ta présence perchée
Parmi les étoiles.
-
Les ténèbres ont tôt fait
De dévorer mon visage.
Et je digère ma journée
En inspectant les moindres recoins.
Au plafond,
Le planché croule.
Mon cœur bondit
Dans un de mes doigts
Et le froid déchiquette
Mon four à faim de toi.
Je n’ai pas perdu un degré.
Au contraire
Malgré
Une fièvre qui me clôt paisiblement
Les paupières,
Ton image reste
En dedans,
Au fond de ma chair
Détaillée au fer rouge.
Un lit
Entier
A dessiner
Tes mains, tes gestes et tes bras
Dans le pli de mes draps
-
Quelques lettres
D’une île
Posthume
Déposent
Encore leurs ailes
Devant ta porte.
Un spectre
Traverse le matin
Vidé
De ses nues.
Eire n’est rien
De plus qu’un rêve
Et
J’erre cherchant
Des chimères
Dans le charnier des cités
Je traîne un goût
De tortures,
De terres brûlées.
Je me couvre
D’un épais manteau
D’encres jetées
Autour
De ma silhouette.
Tout
M’est étranger.
Je n’ai ramené
Que deux
Emeraudes
Au-delà
De tes paupières.
Les feuilles
Ricanent
Sous mes pas.
Une mouette s’étonne
De mes allures
De corbeau
Et
Je garde
Ton souvenir
Hirsute
Dans mon modeste
Plumage.
J’ai perdu le reste pour un fromage.