AHAVAH08 : Icarus

Ce texte fait partie de la série #ECRITURESNUMERIQUES


 

 

 

 

(Version française traduite du texte original anglais)

 

La Nuit d’Icarus  

 

Le vol. La chute. Le souffle.

La forme noire a commencé sa course folle à travers les étoiles, ivre de visions et de routes. Son vol était comme un cri, qui grattait le bleu de la nuit métropolitaine. Ses lèvres de cire brossaient  l'air. Sans même s'en rendre compte, son vol-précipice a commencé.

Les mains et la langue brûlées par la soif.

Il a foré le ciel avec et sa colère et son sang lunaire.

Un arc brisé par la fureur du vent et des paroles brûlantes, son vol était le salut, sa chute était la fuite. Dans quel sens ce cri devrait aller ... sans logique et sans direction ?

Icarus perdu, Icarus relâché. Ange aux cheveux de métal. Ton chemin d’encens et tes cris vers un ciel sans nom.

Les larmes roulent sur les sombres profils du gratte-ciel, les rues sont liés et tordues comme des ombres et des nerfs dans leurs adieux à la terre.

Le vent contre les verres. Les fenêtres sont secouées, les larmes séchées sur leur surface glacée. Les mots que je ne t’ai pas dit.

Mon vol sera comme une courtepointe de planètes tournantes et souriantes. Jusqu’au prochain lever du soleil. Jusqu’au prochain lever du soleil.

Icarus vole. Tu ne saurais pas dire s’il est à la baisse ou à la hausse. Il plane dans l'air. Atteindra-t-il bientôt ses rêves, désormais noyés dans une flaque d'eau ?

Icarus, mots de cire, lèvres de feu et désirs brûlants.

Je me souviens du premier jour où je l'ai rencontré, avec les mains dans les poches, les yeux d’enfant, la voix d'homme. Saint  vagabond, follement amoureux. Il a semé ses pas sur les routes. Il a coulé sa cruauté entre les rues, comme les interstices de ses illusions.

Un jour, il a grimpé sur le toit de l'immeuble, au bord d'un temps ancien. Il a fermé les yeux, aveuglés par la chaleur invisible du soleil par la lumière chaude, son sang jaune, une lymphe toxique. Cire à fondre avec les yeux, liquide et sensuel comme un amant.

Ses yeux sont toujours fermés. Le rêve s'est ouvert. Des étoiles pointues dans la chair. Tressaillant comme des vagues de métal qui courent entre les cieux tournants.

Vol. Chute. Souffle.

Qu'est-ce qui s’est passé ? Permets-moi de tenir ton visage dans mes mains...

Icarus dans le bleu.

 

La danse d’Icarus

 

Un clin d'œil d'acier.

La nuit de diamant a commencé, gravée entre les corps amoureux et les instruments de musique. Icarus se promenait, qui sait ce qu’il cachait sous son manteau noir. Le poignet pressait, les temples éclataient. Il s'avança lentement. Ses pieds semblaient glisser le long des murs, au centre de la chambre. La peau métallique brillait comme une étoile coincée dans la journée. Des vêtements sombres, les dents blanches et les cheveux au vent.

Peu importe où, peu importe quoi. Des cordes rayées, pressées contre son ventre.

Peu importe où, peu importe quoi. Le souffle devient lourd. Un coup, le rythme, lent mais toujours flottant. Les pas sont très chauds.

Les muscles tremblaient. Pourtant, des aperçus de dialogues, des discours. Les murs se balançaient, droits et rigides. Toujours en avance, on ne sait pas pour combien de temps. Le silence des regards, les horloges étaient en marche et ensuite ils tombaient, l’un après l'autre.

Notes d'une basse liquide. Je me souviens de toi cette nuit. Icarus, qui voulait revenir. Icarus parti trop tôt. Peu importe où, peu importe pour combien de temps.

Les yeux violets. Lèvres. Lave. Il fallait commencer. Il faut sentir le silence, profiter de l'obscurité avec des gorgées longues et profondes, serre tes yeux autour de la nuit.

Tes doigts étaient les chaînes qui ont emprisonné la musique. Qu'est-ce que tu tiens? Garde-moi près, moi auprès de toi, envoûte-moi avec ton sang bouillant, avec tes bras d'ébène.

Tes yeux glissaient hors de mes mains, vers la lune. Cela n’a plus d’importance, non ?

Icarus se met à danser.

Le rythme monte, la batterie commence à courir entre les murs, les visages, les dos et les chuchotements qui tournent. La chair commence à trembler, les vêtements sont pliés comme des rainures dans le sable. Icarus est en train de danser, la nuit sacrée. Nos fronts sont humides. Tu n'appartiens plus à mon histoire, toi, exilé.

Tes lèvres dessinent des cercles, tes bras en tirent les orbites de feux et les vides étoilés sont remplis de vin. Les foules se mélangent avec le chaud silence. Couvertures d'étoiles pour cacher des gens. Les chansons se dispersent quand tu marches, toi, Roi de la danse, un royaume de pluie, abdiqué au bonheur.

Le sable brille sur mon front.

Calme et agité. Le temps d’un souffle.

Pulsations entre les espaces, entre les organes.

Une course douce, tout en dansant dans les tunnels de l'espace. Et encore plus...

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