Alexia de Ville de Goyet : Digital Poetry

Ce texte fait partie de la série #ECRITURESNUMERIQUES

Texte, vidéo et gravures par Alexia de Ville © 2011

 



La durée lui est familière
Elle est petite comme elle pourrait être grande
Elle crie comme elle pourrait se taire
Elle regarde
Elle ne voit rien mais elle regarde
Le nom s'effacera petit à petit de sa mémoire
Jusqu'à sa disparition sans doute

 

 

Nuit noire de la certitude
Le tort de ses doigts dans ses mains
Le spectacle, puis la retombée
Lente, inutile
Qu'il faut néanmoins endurer


Il ne reste plus que la place sèche
Déserté par la raison à présent le souvenir s'intègre à la pierre
Dans cet univers de murs, l'ombre gagne déjà les angles de la cave
L'Hiver est terminé
Un parfum d'éther flotte
Parfum d'indifférence, et puis la peur de cette indifférence aussi peut être



Le road movie continue
Elle se crée des vies alternatives dirigées par des correspondants invisibles
Les ruines sont encore fumantes
Tout dure plus qu'il ne faudrait
La forêt, les ruines, le fleuve, le quai désert
Des endroits à moitié vide
Une seule mémoire, celle des héros sans imagination


Défilement des panneaux publicitaires
Comme des pièces à conviction
Elle se promène à travers les photographies, les reconstitutions, faute d'autre chose,
Les explications, faute d'autre chose
Hypnose des lignes qui se succèdent
Vertical, horizontal, perpendiculaire
L'accident, toujours perpendiculaire, dans la vitesse de deux lieux communs
Elle pousse le cri informe du nom, qui peu à peu s'effacera
Dans toutes les langues du monde on le reconnaît
Propos d'opéra, défilé baroque


Elle tue le temps
Elle médite sur la perte et le renouveau
Rien ne se joue
Devant elle un temps énorme
Quelque chose aurait là pu se jouer mais la représentation n'a pas eu lieu
Elle détruit l'ordre imaginaire
Elle renverse les objets
Les regarde à l'envers
Elle chasse les ombres avec ses pieds



Pierres brûlées, pierres éclatées
Un désert nouveau s'en suit, sans référence aucune aux déserts du monde
Un halo particulier y auréole chaque geste, chaque parole, sous une lumière implacable
Les chevelures anonymes
Les corps lisses et intacts
C'est le monument du vide

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